Dérivations

Pour le débat urbain

Editorial

ROUGE VERT ROSE JAUNE (CIEL ?) Certains donnent aux couleurs des significations en tous genres. Pour Dérivations, il sera surtout question d’aligner les numéros les uns après les autres. Pas à pas, de manière obstinée, comme destinée à explorer encore et encore le vaste espace formé par la ville dans ses dimensions les plus hétérogènes. Avec ce bon principe connu des pèlerins, des vagabonds et de toutes les autres espèces de croqueurs d’horizon, que l’immensité spatiale finit toujours par capituler devant l’obstination |1|.

Dérivations, c’est aussi tenir la barre, à l’image de chacune des couvertures. Haut levée dans le numéro un, comme le bras droit d’une bande de motivés qui se rassemblent autour du projet de reconfiguration de la place Cockerill. Qui se fédèrent pour créer une pensée collective autour de l’espace public liégeois. Horizontale et tout en bas dans le deuxième numéro, tel un marche pieds pour accueillir les nouvelles recrues. Cet intérêt d’autrui à participer à cette expérience éditoriale est déjà une victoire en soi. Pour le numéro trois, la barre est levée haute, convaincu que le papier donne réellement quelque chose à se mettre sous la dent, a manipuler sans vergogne pour mastiquer, digérer ou régurgiter cette matière qui pousse les uns et les autres à écrire, penser, montrer, dessiner, enrichir ces pages de Dérivations. La barre haute pour faire place aux résurgences de certaines fêtes populaires qui sont sans doute le signe le plus exalté d’un désir de se réapproprier l’espace public, de créer de la vie dans la ville, de la transcender par une horizontalité entre citoyens. La barre redescend un peu dans le numéro 4. C’est le numéro qui pèse le plus lourd dans la balance. Reflet de collaborateurs de plus en plus nombreux, d’ambitions de plus en plus grande, voire d’une certaine boulimie. Ce paquebot ressemble à un printemps un peu tardif, mais nous sommes certains que la jouissance de celui-ci n’en fût que plus belle.

Pour le 5, on hisse les voiles en espérant que le vent gonfle celles-ci. La vigie monte au mat et regarde à l’horizon. De là haut, le moindre mouvement du navire donne la sensation que cela tangue, mais la vigie y est habituée, elle ne s’en inquiète pas, elle s’accroche. Cet édito retrace brièvement le parcours de la revue. Beaucoup de chemins empruntés, de dérivations suivies, d’efforts pour tenir la barre, mais peu de dérives. Une ligne de conduite qui n’est pas droite, mais qui suis les méandres provoqués par chacun de ses affluents, de ses contributeurs mais aussi des obstacles à contourner. Une ligne à l’image de ces couvertures qui proposent un florilège de couleurs de plus en plus abondant, on le désire, tout en restant rigoureuses dans sa démarche. Ce petit regard en arrière est une façon de prendre plaisir à ce qui a été réalisé jusqu’ici. Et de reprendre son souffle pour la suite. C’est aussi une manière de remercier toutes ces espèces de croqueurs d’horizon qui permettent à cette revue d’avancer et de s’enrichir.

Le dossier de ce numéro traite du territoire et de la prison. Dans une interview, l’ancien détenu Eric Lammers nous dit qu’il n’a jamais cessé d’échafauder des plans pour s’évader de ses différentes cellules. Un jour, il reçoit un ordinateur. Cet instant particulier, vous le découvrirez dans son entretien avec Marie-Hélène Rabier. Il nous dit : j’ai alors commencé à écrire, à mettre sur papier toutes les fantaisies qui me passaient par la tête. C’était ça, l’évasion. Quand on écrit, l’espace dans lequel on se trouve n’a plus d’importance. On vous souhaite donc que ce numéros 5 vous permette de vous évader.

|1| Sylvain Tesson, L’axe du loup, Editions Robert Laffont, Paris, 2004, p. 229.

Pour citer cet article

Demarche L., « Editorial », in Dérivations, numéro 5, décembre 2017, pp. 1-2. ISSN : 2466-5983.
URL : https://derivations.be/archives/numero-5/editorial.html

Vous pouvez acheter ce numéro en ligne ou en librairie.

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