Le CDH Vincent Peremans, big boss des TEC wallons, a accordé à Dérivations sa première véritable interview de fond depuis accession à la tête de la SRWT. Une interview réalisée par écrit, cadenassée par son service com’ : les nombreux silences du « Monsieur bus » wallon en disent-ils long sur la réflexion des autorités en matière de transport public ?
propos recueillis par François Schreuer
« Sinon, quelqu’un a des nouvelles de Vincent Peremans, patron du groupe #Tec depuis 5 mois ?? #jedemande #wanted ». Ce tweet moqueur du journaliste Rudy Hermans (RTBF), lâché le 1er juin 2016, n’a pas pris une ride. Un an plus tard, le « Monsieur Bus » wallon est médiatiquement toujours aussi silencieux qu’un bus électrique. Trois petites interviews début 2016 (TV Lux, Le Soir, L’Echo), à l’occasion de son entrée en fonction, et puis s’en va...
Vincent Peremans est pourtant l’administrateur général de la Société régionale wallonne du transport (SRWT) depuis le 1 janvier 2016. À la tête donc de la société chapeautant les cinq filiales locales du Tec wallon, ce jeune quinqua intrigue par sa discrétion médiatique extrême. Peut-être parce qu’il n’a jamais vraiment quitté la Grande Muette, qui l’a profondément calibré. En 1989, il achève des études d’ingénieur civil à l’Ecole royale militaire. Dans la foulée, il réalise une licence en gestion publique à HEC Liège tout en œuvrant pour la Défense (1989-1998) au service de... maintenance des véhicules. La mobilité, déjà. L’homme est d’ailleurs toujours lieutenant-colonel de réserve de l’armée belge. À ce titre, il a notamment participé en 2013-2014 à une mission en Afghanistan pour l’Otan.
En 1999, il travaille comme expert sur le projet du RER au SPF Mobilité & Transports. Puis il démarre une carrière politique. D’abord en tant que chef de cabinet adjoint de Benoît Lutgen, ministre CDH wallon de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme (2004-2009). Puis, comme chef cab’ d’un autre ministre CDH wallon : Carlo Di Antonio (2009-2015). En 2010, Vincent Peremans est élu échevin à Nassogne, sans surprise sous la bannière CDH. En juillet 2014, le chef cab’ de Di Antonio hérite de la Mobilité, avant que son propre ministre ne le nomme, 18 mois plus tard, à la tête de la SRWT...
Ses objectifs au volant du bus wallon ? « Dégager les moyens internes et externes » permettant de soutenir le développement des Tec, nous explique-t-il, afin d’« accroître la part modale du transport en commun par rapport à la voiture individuelle ». Une ambition légitime : cette part modale du transport public en Wallonie n’est que d’environ 4 %. La marge de progression est donc potentiellement énorme. Quand on lui demande quelle est son expérience personnelle de l’usage du bus en Wallonie, l’ingénieur tatillon se réveille : « je vous rappelle que le Tec, ce n’est pas que le bus, puisque Charleroi compte un réseau ferré de 26 km sur lequel circulent 45 trams ». Puis il nous déroule un profil commun en Wallonie : « Bien qu’habitant en ruralité, j’y prends rarement le bus, mon expérience personnelle du bus se situant essentiellement en milieu urbain. »
Marié et père de six enfants, ce marathonien de 52 ans nous déclare avoir « toujours voulu être un acteur de changement et prendre [s]es responsabilités ». Mais face aux médias, Vincent Peremans reste prudentissime : si nous avons pu le rencontrer à plusieurs reprises et avoir avec lui des échanges particulièrement intéressants, au cours desquels nous avons découvert un homme passionné par sa mission et lucide sur le cadre dans lequel il évolue, l’interview elle-même n’a pu être réalisée que par écrit et est visiblement passée sous les fourches caudines du service com’ de la SRWT. Plusieurs questions ont manifestement été jugées trop sensibles pour y apporter une réponse substantielle. Nous avons donc reproduit à dessein l’intégralité de nos (parfois longues) questions afin que le lecteur puisse mesurer l’étendue des « responsabilités » prises dans ses réponses par le patron de la SRWT. D.Lp
Cet entretien est à découvrir dans le numéro #4 de Dérivations.
Pour citer cet article
Schreuer F., « Le grand muet du bus wallon », in Dérivations, numéro 4, juin 2017, pp. 150-156. ISSN : 2466-5983.URL : https://derivations.be/archives/numero-4/le-grand-muet-du-bus-wallon.html
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